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LES VACANCES.

que vers le jour le commandant cria : Terre ! Je sautai sur mes pieds, et je vis que nous approchions de ce qui me parut être une île. Nous abordâmes et nous trouvâmes un joli pays vert et boisé ; et c’est comme cela que le bon Dieu nous a sauvés.

SOPHIE

Mais Paul n’est donc pas mort ? Où est-il ? Qu’est-il devenu ?

L’HOMME.

Voilà ce que je ne puis vous dire, mamzelle. Les sauvages nous prirent et nous emmenèrent. Plus tard, ils emmenèrent le commandant et M. Paul d’un côté, et moi de l’autre. Je leur ai échappé, et j’ai bien cherché mon brave commandant, mais je n’en ai pas retrouvé de trace. Je ne sais ce que ces diables rouges en ont fait. Pour moi, je me suis sauvé ; j’ai vécu quatre ans dans les bois ; j’ai enfin été ramassé par un vaisseau anglais. Ces brigands m’ont ballotté pendant six mois avant de me mettre à terre ; ils m’ont enfin débarqué au Havre, et je suis revenu au pays pour y chercher ma femme et mon enfant ; je ne les ai plus retrouvés, et je continue à battre le pays pour tomber sur leur piste.

« Pauvre Paul ! » dit Sophie en s’essuyant les yeux.