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LES VACANCES.

du bon Dieu quand on les a de premier choix comme toi et ma petite Marguerite. »

On sortait de table ; Paul et Marguerite saisirent chacun une main du commandant et la couvrirent de baisers. Il en rendit un à Paul, une douzaine à Marguerite ; il fit un signe de tête amical à Sophie, et il offrit le bras à Mme  de Fleurville pour la ramener au salon. La journée se passa à faire connaissance ; on mena Paul voir toute la maison, le potager, la ferme, les écuries, le parc, le village, le petit jardin et les cabanes. Puis on alla faire tous ensemble une visite à Lecomte. En apercevant son commandant, il faillit tomber à la renverse. M. de Rosbourg lui témoigna une grande amitié et lui promit de revenir le voir et de s’arranger de façon à l’avoir toujours près de lui. Après dîner les enfants demandèrent à Paul de leur raconter ses aventures. Tout le monde se groupa autour de lui, et il commença ainsi :

« Sophie vous a raconté notre naufrage ; mais elle ne sait pas comment il s’est fait qu’elle et moi nous soyons restés sur le vaisseau qui allait périr ; M. de Rosbourg me l’a expliqué depuis. Quand papa, maman, mon oncle et ma tante sont montés sur le pont, nous laissant en bas dans la chambre, on avait déjà mis à la mer les chaloupes : le commandant, voyant le vaisseau prêt à s’englou-