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LES VACANCES

bien triste alors. Je me voyais orphelin, séparé pour toujours de ceux qui m’aimaient et que j’aimais ; je n’espérais pas revoir Sophie ni mon oncle, et je me trouvais sur un misérable radeau, confié à la bonté de mon cher commandant, qui pouvait à chaque minute se trouver englouti avec moi au fond de la mer.

M. DE ROSBOURG.

Il est certain que la position n’était pas gaie.

PAUL.

Le vent nous poussait vers la terre ; mais nous eûmes de la peine à aborder, parce qu’il y avait des rochers contre lesquels les vagues venaient se briser, et il fallut toute l’habileté de M. de Rosbourg et du brave Normand pour que notre pauvre petit radeau ne fût pas mis en pièces. Enfin il entra dans une eau tranquille. Le Normand redoubla d’efforts avec ses rames, et nous nous trouvâmes sur le sable. Le commandant me prit dans ses bras et me porta sur le rivage à l’abri des vagues. Le Normand roula à terre le tonneau d’eau et le peu de provisions qu’il avait pu emporter sur le radeau. Il se mit à genoux près du commandant pour remercier le bon Dieu de nous avoir sauvés ! Je priais pour mes pauvres parents, pour toi, Sophie, et pour mon oncle, et je ne pus m’empêcher de pleurer en pensant aux dernières