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LES VACANCES

père accourut aussitôt, me demanda ce que j’avais. « Rien, lui dis-je ; je ne vous voyais plus, je croyais que vous m’aviez abandonné. » Jamais je n’oublierai l’air triste et affligé de mon pauvre père quand il entendit ces paroles. « Paul, mon fils ! dit-il d’une voix émue, comment as-tu pu avoir une telle pensée ? Tu ne crois donc pas que je suis ton père ; et quand as-tu vu un père abandonner son fils ? Paul, ne doute jamais de moi. — Pardon, pardon, mon père, mon seul ami, lui dis-je, en me jetant dans ses bras. C’est en m’éveillant !… Le premier mouvement ! Oh ! oui, je sais, je sens combien vous êtes bon pour moi, meilleur, bien meilleur que ne l’a été mon propre père, qui ne m’aimait pas et qui ne s’occupait jamais de moi. — Silence, Paul ! reprit le commandant ; respect aux morts ! Si tu n’as rien de bon à en dire, n’en parle qu’à Dieu, en priant pour eux. »

La faim se faisait sentir, je demandai à manger. « Nous t’attendions pour dîner, me dit mon père. Le couvert est mis, ici à côté ! Viens voir notre salle à manger. » Je le suivis ; il me mena dans un fourré où il avait fait, avec sa hache, aidé du Normand, et pendant que je dormais, un passage comme un corridor ; au bout il y avait comme une grande salle taillée aussi dans le fourré. Ils