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LES VACANCES

cette espèce. Ils ont l’air doux ; on dirait des agneaux.

— Eh bien et qu’allons-nous faire à présent ? quel est ton avis ?

— Comment, mon commandant, vous si résolu, et qui vous décidez comme qui dirait un éclair, vous me demandez un avis !

— C’est que je n’étais pas père, vois-tu, répondit le commandant en me caressant les cheveux. Seul, je serais déjà leur chef ; ils m’obéiraient. Mais ce que je ne crains pas pour moi, je le crains pour Paul.

— Oh mon père, m’écriai-je en baisant ses mains, faites comme si je n’y étais pas. Je vous suivrai partout. Ne songez pas à moi.

— Tu ne vois donc pas que je t’aime, Paul, et que je veux faire pour le mieux, à cause de toi ! »

Il réfléchit un instant. Son visage devint sévère ; il se retourna vers les sauvages, leur ordonna d’un geste impérieux de le suivre, et, marchant en avant, me tenant par la main et suivi du Normand, il se dirigea vers la mer, où il apercevait de loin les canots des sauvages. Tout le long du chemin, lui et le Normand se faisaient un passage en abattant avec leurs haches les herbes et les joncs piquants. À chaque coup de la hache, les