Page:Ségur - Les vacances.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
LES VACANCES.

(se tournant vers Mme  de Rosbourg) ma mère !… Le permettez-vous ?

MADAME DE ROSBOURG, le serrant dans ses bras.

Oui, mon fils, mon cher Paul, tu seras mon fils, et je serai ta mère. »

Paul reprit, après un instant de silence :

« Mais avant que nous ayons pu nous comprendre, il nous arriva un malheur bien grand, qui nous affligea profondément. Notre bon Normand nous fut enlevé.

JACQUES.

Comment par qui ? Pourquoi l’as-tu laissé enlever ?

PAUL.

Nous n’avons pu l’empêcher malheureusement. Je vous ai dit que le chef ami qui était en visite chez le roi avait lié amitié avec le Normand. Je vous ai dit que le Normand y avait de la répugnance, qu’il ne laissa faire le chef que pour obéir à son commandant. Nous ne savions pas alors que lorsqu’on s’était laissé lier au bras d’un homme, on s’engageait à être son ami, à le protéger et à le défendre contre tous les dangers. Et quand, après avoir coupé le lien, on le mettait à son cou, on s’engageait à ne jamais se quitter, à se suivre partout. Quelques jours après son arrivée, le chef s’apprêta à retourner dans son île ;