Page:Ségur - Les vacances.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
LES VACANCES.

monté d’un mouchoir blanc, devait indiquer aux vaisseaux qui pouvaient passer qu’il y avait de malheureux naufragés qui attendaient leur délivrance. Un jour, heureux jour ! nous entendîmes un bruit extraordinaire sur le rivage. Mon père écouta, un coup de canon retentit à nos oreilles. Vous dire notre joie, notre bonheur, est impossible. Nous courûmes au rivage, où mon père agita son drapeau ; un beau vaisseau était à deux cents pas de nous. Quand on nous aperçut, on mit un canot à la mer, une vingtaine d’hommes débarquèrent ; c’était un vaisseau français, l’Invincible commandé par le capitaine Duflot. Les sauvages, attirés par le bruit, étaient accourus en foule sur le rivage. Dès que le canot fut à portée de la voix, mon père cria d’aborder. On fit force de rames, les hommes de l’équipage sautèrent à terre ; mon père se jeta dans les bras du premier homme qu’il put saisir, et je vis des larmes rouler dans ses yeux. Il se nomma et raconta en peu de mots son naufrage. On le traita avec le plus grand respect, en lui demandant ses ordres. Il demanda si l’on avait du temps à perdre. L’enseigne qui commandait l’embarcation dit qu’on avait besoin d’eau et de vivres frais. Mon père leur promit bon accueil, de l’eau, des fruits, du poisson en abondance. Les hommes restèrent à terre et dé-