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LES VACANCES.

s’entr’ouvrit, un homme de haute taille, revêtu d’une armure, tenant une lanterne à la main, achevait de monter un escalier tournant taillé dans le mur. Il entra dans la chambre, fixa les yeux sur le maréchal, s’arrêta à trois pas du lit et dit : « Qui es-tu, pour avoir eu le courage de braver ma présence ? – Je suis d’un sang qui ne connaît pas la peur. Si tu es homme, je ne te crains pas ; car j’ai mes armes, et mon Dieu qui combattra pour moi. Si tu es un esprit, tu dois savoir qui je suis et que je n’ai eu aucune méchante intention en venant habiter cette chambre. — Ton courage me plaît, maréchal de Ségur ; tes armes ne te serviraient pas contre moi, mais ta foi combat pour toi. — Mon épée a plus d’une fois été teinte du sang de l’ennemi, et plus d’un a été traversé par mes balles. — Essaye, dit le chevalier : je m’offre à tes coups. Me voici à portée de tes pistolets ; tire, et tu verras. – Je ne tire pas sur un homme seul et désarmé ; » répondit le maréchal. Pour toute réponse, le chevalier tira un long poignard de son sein, et approchant du maréchal, lui en fit sentir la pointe sur la poitrine. Devant un danger si pressant, le maréchal ne pouvait plus user de générosité ; son pistolet était armé, il tira : la balle traversa le corps du chevalier et alla s’aplatir contre le mur en face. Mais le chevalier