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LES VACANCES.

ducteur, disait une voix tremblante, il veut acheter ton âme avec le trésor qu’il te promet. » Le maréchal marchait toujours. De temps à autre, il voyait, entre lui et le chevalier, la pointe d’un poignard, puis des flammes, puis des griffes prêtes à le déchirer : un signe de croix le débarrassait de ces visions. Le chevalier allait toujours ; depuis une heure il descendait, lorsqu’enfin ils se trouvèrent dans un vaste caveau entièrement dallé de pierres noires ; chaque pierre avait un anneau ; toutes étaient exactement pareilles. Le chevalier passa sur toutes ces dalles, et s’arrêtant sur l’une d’elles : « Voici la pierre qui recouvre mon trésor, dit-il ; tu y trouveras de l’or de quoi te faire une fortune royale, et des pierres précieuses d’une beauté inconnue au monde civilisé. Je te donne mon trésor, mais tu ne pourras lever la dalle que de minuit à deux heures. Prie pour l’âme de ton aïeul, Louis-François de Ségur. Garde-toi de toucher aux autres dalles, qui recouvrent des trésors appartenant à d’autres familles. À peine soulèverais-tu une de ces pierres, que tu serais saisi et étouffé par l’esprit propriétaire de ce trésor. Pour reconnaître ma dalle et emporter ce qu’elle recouvre, il faut… » Le chevalier ne put achever. L’horloge sonna deux heures : un bruit semblable au tonnerre se fit en-