Page:Ségur - Les vacances.djvu/280

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sais brave en paroles. J’ai beau faire, je sens que je suis et serai toujours poltron. »

Il avait l’air si triste et si honteux en faisant cet aveu, que Paul en fut touché.

« Mon pauvre ami, lui dit-il, il appuya sur ami, je trouve au contraire qu’il faut un grand courage pour dire, même à un ami, ce que tu viens de me confier. Au fond, tu es tout aussi brave que moi (Léon relève la tête avec surprise) seulement tu n’as pas eu occasion d’exercer ton courage avec prudence. Tu es entouré de cousines et d’amis plus jeunes que toi ; tu t’es trouvé dans des moments de danger, plus ou moins grand, avec la certitude que tu n’avais ni la force ni les moyens de t’en préserver ; alors tu as tout naturellement pris l’habitude de fuir le danger et de croire que tu ne peux pas faire autrement.

LÉON.

Mais pourtant, Paul, toi, je te vois courir en avant dans bien des occasions où je me serais sauvé.

PAUL.

Moi, c’est autre chose ; j’ai passé cinq années entouré de dangers et avec l’homme le plus courageux, le plus déterminé que je connaisse ; il m’a habitué à ne rien craindre. Mais moi-même, que tu cites comme exemple, c’est par habitude que