Page:Ségur - Les vacances.djvu/298

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une robe neuve ; elle dépense cinquante mille francs par an pour sa toilette.

— Cinquante mille francs ! s’écria Camille, mais combien donne-t-elle donc aux pauvres alors ?

— Aux pauvres ! ha ! ha ! ha ! aux pauvres ! en voilà une drôle d’idée ! répondit Mlle Yolande riant aux éclats. Comme si on donnait aux pauvres ! Mais les pauvres n’ont besoin ni de robes, ni de diamants. Puisqu’ils sont pauvres, c’est qu’ils n’ont besoin de rien. Leurs haillons et une vieille croûte, c’est tout ce qu’il leur faut.

CAMILLE.

Mais encore faut-il le leur donner, mademoiselle. Pendant que vous avez cinquante robes inutiles, il y a près de chez vous de pauvres familles qui sont nues ; pendant que vous avez dix plats à votre dîner, ces mêmes pauvres n’ont pas seulement la croûte de pain dont vous parliez tout à l’heure.

MADEMOISELLE YOLANDE.

Laissez donc ! Ce sont de mauvais sujets, des paresseux ; ils n’ont besoin de rien.

MADELEINE.

Camille, je ne veux pas entendre cela ; c’est trop fort ; je vais rejoindre nos amis.

LÉON.

Va, Madeleine : je reste avec la pauvre Camille.