Page:Ségur - Les vacances.djvu/323

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« Mon pauvre petit, lui dit M. de Traypi en l’embrassant, je ne puis malheureusement empêcher ce chagrin pour toi. Je ne peux pas toujours rester chez ma sœur de Fleurville, et toi-même tu ne voudrais pas te séparer de moi. Tâche, mon enfant, de supporter avec courage les peines que le bon Dieu t’envoie ; tu sais que la vie ne dure pas toujours ; les chagrins finissent comme les plaisirs ; tâche de vivre de manière à retrouver un jour dans le ciel et pour toujours les amis que tu as tant de peine à quitter pour quelques mois. Pleure, mon enfant, pleure si tes larmes te font du bien, en attendant que tu prennes du courage. »

Jacques pleura quelque temps et finit par sécher ses larmes. Marguerite pleura un peu de son côté dans les bras de son père, dont les caresses et les baisers ne tardèrent pas à la consoler. Paul, habitué à se commander, fut pourtant triste et sombre tant que dura le chagrin de Marguerite ; son visage s’éclaircit au premier sourire de sa petite sœur, et il reprit son travail quand il la vit tout à fait calme et riante.