Page:Ségur - Les vacances.djvu/335

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entra, mais elle n’en eut pas la force ; elle retomba sur son fauteuil et se cacha le visage dans ses mains. Sophie vit des larmes couler entre ses doigts. Touchée de ce témoignage de repentir, elle approcha, prit une de ses mains et lui dit timidement :

« Ma… ma mère !

— Ta mère, pauvre Sophie ! dit Mme Fichini en sanglotant. Quelle mère ! grand Dieu ! Depuis que j’ai fait mon malheur par cet abominable mariage, depuis surtout que j’ai un enfant, j’ai compris toute l’horreur de ma conduite envers toi. Dieu m’a punie ! Il a bien fait ! Je suis bien, bien coupable… mais aussi bien repentante, ajouta-t-elle en redoublant de sanglots et en se jetant au cou de Sophie. Sophie, ma pauvre Sophie, que j’ai tant détestée, martyrisée, pardonne-moi. Oh ! dis que tu me pardonnes, pour que je meure tranquille.

— De tout mon cœur, du fond de mon cœur, ma pauvre mère, répondit Sophie en sanglotant. Ne vous désolez pas ainsi, vous m’avez rendue heureuse en me donnant à Mme de Fleurville, qui est pour moi comme une vraie mère ; j’ai été heureuse, bien heureuse, et c’est à vous que je le dois.

MADAME FICHINI.

À moi ! Oh ! non, rien à moi, rien, rien, que ton malheur, que tes pénibles souvenirs, que ton mé-