Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/96

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qu’on leur rendît leurs protecteurs, leurs pères, leurs soutiens ; ils ont déclaré que si on ne leur rendait pas la liberté, ils démoliraient la prison et les enlèveraient de force. On a eu peur et on a délivré ces trois bons prêtres qui employaient en effet tout ce qu’ils avaient, tout ce qu’ils parvenaient à quêter, pour des établissements de charité et des secours à domicile. Les pauvres ont emmené leurs curé ? et les ont accompagnés à leurs églises respectives. Voilà ce que c’est que d’être charitable ; on en est récompensé même en ce monde. Depuis ton départ, il pleut sans cesse ; le bon Dieu t’a fait la gracieuseté de te donner un temps magnifique pendant tes petites vacances ; et depuis ton départ, nous acceptons la pluie avec plaisir, caria terre en avait besoin ; tout pousse à vue d’œil, blé, avoine, légumes, feuilles, four- rages, etc. Pourtant je voudrais le retour du beau temps à cause de l’arrivée de Camille ; son pauvre petit Paul finirait par s’ennuyer, quand la nouveauté des visages et des joujoux n’exciterait plus son intérêt ; il est très joli, très gai et très gentil ; blond avec yeux bleus, comme Camille, très rose, pas trop blanc, pas trop gras (comme une volaille engraissée), parlant très bien, pas sauvage du tout et très sympathique. Il a pris Armand fort en gré et il ne le quitte pas ; lors qu’Armand s’échappe, le petit crie et pleure comme un petit malheureux, Le vent est terrible ; ton oncle Gaston m’écrit qu’il devait dire la messe hier 15 ou aujourd’hui 16 chez tes bons Pères Jésuites ; le Père A. lui a dit beaucoup de bien de toi,ce qui nous a fait grand plaisir, à ton oncle et à moi. Adieu,mon cher petit,je t’embrasse bien tendrement ; je vais bien et je vis dans l’attente du mois d’août… Adieu, cher enfant. Henriette a reçu ta lettre, elle t’en remercie et elle te répondra demain. Tout le monde ici t’embrasse.

Grand’mère de Ségur.


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