Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/255

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pour assister à l’opération, qui fut longue et pénible ; cette boue, collante et grasse, tenait à la peau, aux cheveux. Les domestiques s’étaient empressés d’apporter du linge, du savon, des habits, des chaussures. Les papas aidèrent à lessiver Auguste, qui sortit de là presque propre, mais grelottant et si honteux, qu’il ne voulut pas se faire voir, et qu’il obtint de son père de l’emmener tout de suite chez lui.

Pendant ce temps, chacun désirait savoir comment cet accident avait pu arriver. Pierre et Henri leur racontèrent les deux chutes.

« Je crois, dit Pierre, que les deux ont été amenées par Cadichon, qui n’aime pas Auguste. Cadichon a mordu la queue de mon poney, ce qu’il ne fait jamais quand l’un de nous est dessus ; il l’a forcé à aller ainsi au grand galop ; le cheval a rué, et c’est ce qui a fait tomber Auguste. Je n’étais pas là à la seconde chute, mais, à l’air triomphant de Cadichon, à ses braiments joyeux et à l’attitude qu’il a encore maintenant, il est facile de deviner qu’il a jeté exprès dans la boue cet Auguste qu’il déteste.

— Comment sais-tu qu’il le déteste ? demanda Madeleine.

— Il le montre de mille manières, répondit Pierre. Te souviens-tu comme il l’a attrapé par le fond de son pantalon, comme il le tenait pendant que nous lui passions son habit ? J’ai bien