Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/346

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de Camille, la braise d’Élisabeth ; Camille faisait cuire son omelette, Madeleine finissait sa crème, Élisabeth grillait ses côtelettes, Pierre coupait son veau en tranches pour y faire un assaisonnement, Henri tournait et retournait sa salade de pommes de terre, Jacques faisait une bouillie de ses fraises et de sa crème, Louis achevait une pile de tartines, Henriette râpait son sucre qui débordait le sucrier, Jeanne épluchait les cerises du panier, Auguste, suant, soufflant, mettait le couvert, courait pour avoir de l’eau fraîche pour rafraîchir le vin, pour embellir l’aspect du couvert avec des bateaux de radis, de cornichons, de sardines, d’olives. Il avait oublié le sel, il n’avait pas songé aux couverts ; il s’apercevait que les verres manquaient ; il découvrait des hannetons et des moucherons tombés dans les verres, dans les assiettes. Quand tout fut prêt, quand tous les plats furent placés sur la nappe, Camille se frappa le front.

« Ah ! dit-elle. Nous n’avons oublié qu’une chose : c’est demander à nos mamans la permission de déjeuner dehors et de manger de notre cuisine.

— Courons vite, » s’écrièrent les enfants, Auguste gardera le déjeuner.

Et, s’élançant tous vers la maison, ils se précipitèrent dans le salon où étaient rassemblés les papas et les mamans.

La présence de ces enfants rouges, haletants, avec des tabliers de cuisine qui leur donnaient