J’ai la conscience tranquille, je suis heureuse ; je m’amuse. Ici, je suis troublée, mécontente ; je m’ennuie. On m’adore, et… et… Enfin, je veux retourner au couvent et y rester encore pendant quelques années. »
M de Gerville était comme pétrifié. Cette sortie vigoureuse de sa fille l’avait pris par surprise. Ses raisonnements au-dessus de son âge, l’audace de ses réflexions, la fermeté de son langage, la sagesse de ses motifs, le remplissaient d’étonnement et d’incertitude ; il n’avait aucun raisonnement à opposer aux siens ; les faits donnaient gain de cause à Giselle, et pourtant il ne voulait pas rester plus longtemps séparé d’elle. Après quelques instants de silence, il lui dit :
« Je réfléchirai, je verrai, j’en parlerai à ta mère.
Et si maman vous conseille de me laisser retourner au couvent ?
Tu y retourneras. Mais, ne t’en flatte pas : elle n’y consentira pas. »
Giselle sourit d’un air incrédule et courut chez sa mère.
Maman, ma bonne maman, n’est-ce pas que j’ai