Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/382

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la malheureuse Giselle, ne me repoussez pas ! Aidez à mon repentir. »

Giselle s’affaissa sur elle-même ; elle avait presque perdu connaissance. Julien, épouvanté, la releva, la plaça dans un fauteuil, saisit un verre d’eau qui se trouvait sur la table et bassina le front et les tempes de Giselle. Elle ouvrit les yeux, le regarda avec reconnaissance.

julien.

Giselle, d’après quelques paroles que vous venez de dire, j’apprends un événement que j’ignorais, la mort de votre mari. Je savais votre ruine avant mon départ ; mais j’ai fait un long voyage, et mon premier soin à mon retour a été de venir voir votre pauvre mère que j’avais laissée bien malheureuse. Je vois avec bonheur que vous reconnaissez vos torts passés, et que vous êtes disposée à les réparer, ceux du moins qui sont encore réparables vis-à-vis de vos parents. Je vous remercie de la joie que vous a causé ma présence ; vous avez raison de compter sur ma vieille affection ; elle ne vous fera jamais défaut… Mais comme vous êtes changée, ma pauvre Giselle ! Votre embonpoint, vos belles couleurs ont disparu. Je vous avais laissée dans tout l’éclat de la jeunesse et de la beauté ; je ne vous ai pas revue depuis le jour où je vous ai fait mes adieux,