Page:Ségur - Témoignages et souvenirs.djvu/186

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allait consommer, consulta les Églises protestantes de Suisse ; voici leurs réponses :

Zurich. — « La Providence divine vous a donné une bien belle occasion de prouver au monde que ni votre Église ni la nôtre ne favorisent les hérétiques ; vigilance et activité. Que la contagion soit arrêtée et que Christ vous illumine de sa sagesse. »

Schaffouse. — « Nous sommes certains que vous emploierez tous vos efforts pour que l’hérésie ne ronge pas comme un chancre les chairs du corps chrétien. Point de disputes. Disputer avec un insensé, c’est faire de la folie avec des fous. »

Bâle. – « Vous emploierez, pour guérir l’âme du malheureux, tout ce que Dieu vous a donné de sagesse : s’il est inguérissable, vous aurez recours à ce pouvoir dont Dieu vous arma, afin que l’Église de Christ cesse de souffrir et que de nouveaux crimes ne soient pas ajoutés aux anciens. »

Berne. « Que Dieu vous donne l’esprit de prudence et de force, à l’aide duquel vous puissiez délivrer d’une peste semblable et votre Église et la nôtre. »

Faret, ce ministre de Neuchâtel, époux de sa servante, auquel Calvin avait confié, sept années auparavant, ses desseins sur Servet, et qui vint assister le malheureux dans son supplice, ou plutôt le maudire à sa dernière heure, Faret écrivait de son côté, à Calvin, quelques jours avant l’exécution : « Je ne comprends pas que vous hésitiez à tuer dans le corps le scélérat qui a tué dans leur âme tant de chrétiens ! Je ne puis croire qu’il se trouve des juges assez iniques pour épargner le sang de cet infâme hérétique ! »

Enfin, après que Servet eut été brûlé vif, le 27 octobre 1853, et que Calvin, de sa fenêtre, l’eut vu conduire au bûcher, comme cette femme du Médecin malgré lui, qui