Page:Ségur - Témoignages et souvenirs.djvu/227

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sacrée ; mais je vous conjure de me délivrer des liens du péché, en considérant la clémence de notre Maître commun, et de ne pas me fermer la porte qu’il a ouverte à tous ceux qui font pénitence.

— Mais, reprit Ambroise, quelle pénitence avez-vous donc faite après un tel péché ? Par quels remèdes avez-vous guéri les plaies de votre âme ?

— C’est à vous, dit l’empereur, de m’apprendre ce que je dois faire, et à moi de l’exécuter.

Alors saint Ambroise lui dit que, puisqu’il n’avait écouté que sa colère dans l’affaire de Thessalonique, il devait, pour toujours, mettre un frein à cette passion téméraire et furieuse, et ordonner, par une loi, que les sentences de mort et de confiscation ne recevraient désormais leur exécution que trente jours après avoir été prononcées, pour donner à la raison le temps de revenir sur ce qu’aurait dicté la colère.

Théodose accepta cette condition sublime que le ministre de Dieu mettait à son pardon, et, faisant aussitôt écrire cette loi, la signa de sa main.

Alors saint Ambroise lui donna l’absolution publique, et Théodose purifié entra dans la basilique. Là, en présence de tout le peuple assemblé, il dépouilla ses ornements impériaux, se prosterna sur le pavé et l’arrosa longtemps de ses larmes, en répétant les paroles de David : « Adhœsit pavimento anima mea : vivifica me secundum verbum tuum[1]. »

Spectacle sublime, inouï dans l’histoire, d’une telle humilité dans une telle puissance ! Admirable leçon de soumission à Dieu et à son Église donnée au monde par le Maître du monde ! Temps dignes d’envie, où les âmes

  1. Histoire universelle de l’Église, par Rohrbacher ; Théodoret Sozime.