Page:Ségur - Témoignages et souvenirs.djvu/314

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« Monseigneur et mes chères confrères.

« Voici la dernière lettre que je vous écris. Mon heure solennelle est sonnée ; adieu ! adieu ! Je vous donne à tous, vous qui m’aimez et qui vous souvenez de moi, je vous donne à tous rendez-vous au ciel c’est là que j’espère vous revoir ; je n’aurai plus la douleur de vous quitter. J’espère en la miséricorde de Jésus ; j’ai la douce confiance qu’il m’a pardonné mes innombrables fautes ; j’offre volontiers mon sang et ma vie pour l’amour du bon Maître et pour ces chères âmes que j’aurais tant voulu aider de toutes mes forces ; je pardonne de grand cœur à ceux qui se reprocheraient quelque chose à mon égard.

« N’allez pas croire trop tôt que je n’ai plus besoin de prières, de peur que je n’aie à souffrir de votre excessive confiance. Continuez, je vous en conjure, à vous souvenir de moi devant Dieu. Pour moi, ainsi que je vous l’ai dit, si le Seigneur prend pitié de mon âme, et que je puisse quelque chose auprès de sa bonté souveraine, soyez bien persuadés que je ne vous oublierai pas.

« Demain samedi, fête des saints Philippe et Jacques, 1er mai et anniversaire de la naissance de M. Schœffler pour le ciel, voilà, je crois, le jour fixé pour mon sacrifice : Fiat voluntas Dei. Je meurs content : que le Seigneur soit béni ! Adieu tous dans les saints cœurs de Jésus et de Marie. In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum. Ib code Jesu et Mariæ oscutor vos, amici mei.

« Vinctus in Christo, la veille de ma mort, 30 avril 1852. »