Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/21

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tumée ; les sourcils seuls étaient restés pâles et comme imprégnés de poudre blanche, probablement celle que les fées avaient répandue sur son visage, et que l’agitation des convulsions avait fait partir. Betty, moins heureuse que Charles, ne pouvait encore dominer son rire nerveux. Mme Mac’Miche ne savait trop que penser de cette scène ; après avoir promené ses regards courroucés de Charles à la bonne, elle tira les cheveux du premier pour l’aider à se relever, et donna un coup de pied à Betty pour amener une détente nerveuse ; le moyen réussit : Charles sauta sur ses pieds et s’y maintint très ferme, Betty reprit son calme et une attitude plus digne.

madame mac’miche.

Que veut dire tout cela, petit drôle ?

charles.

Ma cousine, ce sont les fées.

madame mac’miche.

Tais-toi, insolent, mauvais garnement ! Tu auras affaire à moi, avec tes f…, tu sais bien[1] !

  1. Les personnes qui croient aux fées en Écosse pensent qu’il est dangereux d’en parler et de les nommer. Il y a en Écosse une multitude de personnes qui croient aux fées ; on dit qu’elles habitent surtout dans les vallées, près des fontaines, des ruisseaux et des rivières. Dans ces vallées et prairies, habitées, dit-on, par les fées, on voit souvent des ronds dépouillés d’herbe comme si elle avait été piétinée ; on les appelle fairy’s ring, « anneau des fées », et on prétend que les fées viennent y danser en rond pendant la nuit, et que ce sont leurs petits pieds qui usent l’herbe. Les fées sont très petites, disent ceux qui prétendent les avoir vues.