Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/229

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le charretier.

Bon ! j’enlève le colis !… Houp ! j’y suis. »

Et Mme Mac’Miche se trouva chargée comme un sac de farine sur le dos du charretier, ses jambes pendant par derrière, sa tête retombant sur la poitrine du charretier. Betty suivait. Ils eurent à peine fait cent pas, que le fardeau du charretier commença à s’agiter.

le charretier.

Hé ! la bourgeoise ! ne bougez pas ! C’est qu’elle remue comme une anguille ! Sapristi ! Tenez-lui les jambes, Mistress Betty ! Elle bat le tambour sur mes mollets à me briser les os… Allons donc, la bourgeoise !… Je vais la serrer un brin pour la faire tenir tranquille. »

Il la serra si vigoureusement dans ses bras d’Hercule, que Mme Mac’Miche reprit tout à fait connaissance ; et voulant se débarrasser de l’étau qui arrêtait sa respiration, elle serra et pinça cruellement le cou du charretier. Il poussa un cri ou plutôt un hurlement effroyable, et ouvrant les bras il laissa tomber sa vieille ennemie sur un tas de pierres qui bordaient la route. À son tour, Mme Mac’Miche cria de toute la force de ses poumons.

« Pourquoi l’avez-vous jetée ? dit Betty d’un ton de reproche.

le charretier.

Tiens ! j’aurais voulu vous y voir. Elle m’a pincé au sang, comme une enragée qu’elle est !

betty.

Pincé ! pas possible !