Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/259

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« C’est toi enfin, mon bon Charles ! dit Juliette dès qu’il eut ouvert la porte. Comme tu as été longtemps absent ! Que s’est-il donc passé ? Tu es triste, tu ne me dis rien.

charles.

Je suis triste, il est vrai, Juliette ; ma pauvre cousine est bien mal, et j’ai des remords d’avoir contribué à sa maladie par les peurs que je lui ai faites, les contrariétés que je lui ai fait supporter, et par-dessus tout par la part que j’ai prise dans la démarche du juge ; il lui a enlevé ce qu’elle avait à moi. Le médecin dit que c’est ça qui lui a donné le délire, la fièvre, ce qui la tuera peut-être ! Et c’est moi qui aurai causé sa mort. J’ai bien prié le bon Dieu pour elle et pour moi, Juliette !

juliette.

Oh ! Charles, que je suis heureuse de t’entendre parler ainsi ! Quel bien me fait ce retour sérieux à de bons sentiments ! Je l’avais tant demandé pour toi au bon Dieu !… Tu pleures, mon bon Charles ? Que Dieu bénisse ces larmes et celui qui les répand. »

Charles pleurait en effet ; il se jeta au cou de Juliette, qui mêla ses larmes aux siennes ; et il pleura quelque temps encore pendant que son cœur priait et se repentait.

juliette.

Charles, prends mon Imitation de Jésus-Christ, et lis-en un chapitre ; cela nous fera du bien à tous les deux. »

Charles obéit et lut avec un accent ému un chapitre de ce livre admirable.