Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/315

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près du fauteuil où elle s’était placée, appuya sa tête sur les genoux de Juliette, laissa échapper quelques sanglots, et fut pris d’un tremblement qui alarma Juliette.

Elle appela Marianne, qui ne devait pas être éloignée  ; en effet, Marianne entra précipitamment.

« Que veux-tu ? qu’as-tu, Juliette ? Tu pleures ? Pourquoi ? Que s’est-il passé ? Pourquoi Charles pleure-t-il aussi ? »

Juliette raconta à sa sœur le nouvel incident qui venait d’arriver ; elle le lui dit sincèrement, tout en atténuant de son mieux les torts de Charles. Il s’en aperçut et lui en témoigna sa reconnaissance en lui serrant la main.

marianne.

Je ne te gronderai pas, Charles, puisque tu te montres si sensible aux reproches que Juliette t’a déjà adressés ; et je me borne à te demander de faire ta paix avec Betty, qui est une excellente femme malgré son caractère emporté, et qui met un grand zèle à diriger ta ferme ; son mari est aussi un brave homme et un bon ouvrier. Elle a eu tort sans doute, elle t’a blessé, chagriné, mais elle en est probablement très fâchée à l’heure qu’il est, et je suis sûre qu’avec un mot d’affection tu la feras revenir de suite.

— Je le ferai, Marianne », répondit Charles humblement et tristement. Et il sortit pour aller chercher Betty.

Cette douceur et cette soumission touchèrent Marianne. Juliette, qui avait le cœur gros depuis longtemps, se laissa aller à son émotion.