Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son du bourg ; elle s’amusait à donner du pain aux moutons, du grain aux volailles ; à peine arrivée à la ferme, ses habitués l’entouraient de si près qu’elle s’y frayait difficilement un passage avec l’aide de Charles ; il la menait partout ; il ne lui faisait grâce ni de l’étable aux porcs, malgré l’odeur repoussante qui s’en exhalait, ni des tas de fumier que Donald soignait avec une affection particulière, et dont Charles voyait tous les jours augmenter la dimension. Et quand il se permettait d’en rire :

« C’est de l’or, ça, Monsieur Charles ! disait Donald en contemplant avec amour ces montagnes de fumier amassées par ses soins. C’est du fumier que nous vient l’or ! Le cochon qui se vautre sur le fumier se roule sur le sein de sa nourrice !

charles, riant.

C’est trop fort, en vérité, Donald ! Je respecte votre fumier ; mais en faire une nourrice, c’est dégoûtant !

donald.

C’est pourtant la vérité, Monsieur Charles ; sans fumier, le cochon n’aurait ni orge, ni choux, ni pommes de terre, ni paille, rien enfin pour sa nourriture et pour son coucher. Et vous-même, que mangeriez-vous sans fumier ? Allez, Monsieur Charles, c’est le fumier qui est la richesse d’une ferme ! Engraisser votre terre, c’est engraisser votre bourse. »

Charles et Juliette riaient, mais approuvaient les principes de Donald. Chaque visite à la ferme