Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/379

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poudre, ardent dans ses sentiments, passionné, absolu dans ses volontés.

le juge.

C’est pour cela même qu’ils s’accorderont parfaitement ; la douceur, la patience, le charme de Juliette tempéreront l’ardeur de Charles, adouciront ses emportements, entretiendront sa tendresse, feront ployer sa volonté. De même la nature passionnée et ardente de Charles animera la douceur un peu indolente de Juliette, et lui donnera de ce feu qui lui manquait jadis et qui ne lui manque plus à présent ; je lui ai trouvé tous ces derniers temps bien plus d’animation, de vivacité. Quant à l’âge, qu’est-ce que deux ans ? Elle a toute l’apparence d’une jeune fille de dix-huit ans à peine ; elle est plus jolie et plus gracieuse qu’elle ne l’a jamais été. D’ailleurs, il l’aime, malgré sa cécité et ses vingt-cinq ans ; et, ma foi, il a raison.

marianne.

Puisque vous approuvez ce mariage, je n’ai rien à en dire, mais je ne puis me faire à l’idée de voir Juliette mariée.

le juge.

Et demain, quand vous les verrez, Marianne, soyez bonne et affectueuse pour eux ; depuis quelque temps vous n’êtes plus pour Juliette la sœur tendre et dévouée que vous étiez jadis. Et, quant à Charles, vous étiez tout à fait en froid avec lui.

marianne.

C’est vrai ! Je leur en voulais de s’obstiner à ne pas se quitter, et de retarder ainsi mon union avec