Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/63

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madame mac’miche.

Ne l’écoutez pas, Monsieur le juge, ne le croyez pas. Il ment du matin au soir.

charles.

Vous savez bien, ma cousine, que je ne mens pas, que vous m’avez battu comme je le dis ; et c’est si vrai, que Betty m’a mis un cataplasme de chandelle ; voulez-vous que je vous le fasse dire par elle ? Cette pauvre Betty en pleurait.

— Madame Mac’Miche, reprit le juge, vous savez que les mauvais traitements sont interdits par la loi, et que vous vous exposez…

madame mac’miche.

Soyez donc tranquille, Monsieur le juge ; je l’ai fouetté, c’est vrai, parce qu’il voulait mettre le feu à la maison ce matin ; vous ne savez pas ce que c’est que ce garçon ! Méchant, colère, menteur, paresseux, entêté ; enfin, tous les vices il les a.

le juge.

Ce n’est pas une raison pour le battre au point de gêner ses mouvements. Prenez garde, Madame Mac’Miche, on m’a déjà dit quelque chose là-dessus, et si les plaintes se renouvellent, je serai obligé d’y donner suite. »

Mme Mac’Miche était vexée ; Charles triomphait : ses bons sentiments s’étaient déjà évanouis, et il forma l’horrible résolution d’agacer sa cousine pour la mettre hors d’elle, se faire battre encore, et, au moyen de Betty, aposter des témoins qui iraient porter plainte au juge.

« Je n’en serai pas plus malade, pensa-t-il, grâce