Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/85

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Miche ? dit le boucher, qui prenait parti pour Betty. Voilà assez crier ! On n’entend pas autre chose chez vous ! C’est fatigant, parole d’honneur ! Mes veaux ne beuglent pas si fort quand ils s’y mettent. Faudra-t-il qu’on aille encore chercher M. le juge de paix ? »

Betty cacha sa figure dans son tablier pour rire à son aise ; Mme Mac’Miche lança un regard furieux au boucher et se retira sans ajouter une parole. Dans les circonstances difficiles où elle se trouvait, la menace de faire intervenir le juge de paix coupa court à sa colère et la laissa assez inquiète de ce qui allait arriver de la visite de Charles au juge.

Pendant qu’elle attendait, qu’elle avait peur, qu’elle tressaillait au moindre bruit, Charles avait couru chez Juliette, à laquelle il fit, comme la veille, le récit de ce qui était arrivé.

« Eh bien, Juliette, que me conseilles-tu à présent ? Faut-il toujours que je me laisse battre par cette femme sans cœur, qui n’est désarmée ni par ma patience, ni par ma docilité, ni par mon courage à supporter sans me plaindre les coups dont elle m’accable ?

juliette, émue.

Non, Charles, non ! C’est trop ! Réellement, c’est trop ! Tu peux, tu dois éviter ces corrections injustes et cruelles.

charles, vivement.

Mais, à moins de la battre, du moins de lui résister par la violence, comment puis-je me défen-