Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/87

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quille, il faudra bien qu’elle te la rende un jour. Je ne l’ai découvert que depuis peu, et j’en ai parlé au juge de paix, en le priant d’avoir l’œil sur ma cousine par rapport à toi ; ensuite, mon cousin, ton père, m’en a dit quelque chose plus d’une fois pendant sa dernière maladie, mais vaguement, parce que ta cousine Mac’Miche était toujours là ; enfin, j’ai trouvé ces jours-ci, en fouillant dans un vieux portefeuille de ton père, qui me l’avait donné quand il était déjà bien mal, et que j’avais gardé en souvenir de lui, sans penser qu’il pût rien contenir d’important ; j’ai trouvé le reçu de cinquante mille francs ; ce reçu est écrit de la main de ta cousine, et je le conserve soigneusement.

charles.

Ô Marianne, donne-le-moi vite ! que j’aille demander mon argent à ma cousine.

marianne.

Non, je ne te le donnerai pas, parce qu’elle te l’arracherait des mains et le mettrait en pièces, et tu n’aurais plus de preuves ; et puis, parce que tu es trop jeune pour avoir ta fortune ; il faut que tu attendes jusqu’à dix-huit ans, et ce sera M. le juge de paix qui te la fera rendre.

juliette.

Et puis, qu’as-tu besoin d’argent à présent ? qu’en ferais-tu ?

charles, vivement.

Ce que j’en ferais ? Je payerais de suite tout ce que vous devez, pour que vous puissiez vivre