Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/98

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Mme Mac’Miche tira d’une poche placée sur son estomac une clef qui ouvrait une caisse masquée par une vieille armoire et scellée dans le mur ; avec cette clef, d’une forme étrange et particulière, elle ouvrit la caisse, en tira une cassette dont la clef se trouvait dans un coin à part sous des papiers, ouvrit la cassette et trouva tout en ordre. Elle compta ce qu’elle avait de revenus, de capitaux.

« J’avais cent vingt mille francs, dit-elle ; j’en ai deux cent mille à présent ; plus, les cinquante mille francs de ce Charles, dont il n’aura jamais un sou, car personne n’a de preuve écrite de ce placement de son père ; et l’argent a été depuis replacé en mon nom !… Voici encore les économies de l’année… en or, en belles pièces de vingt francs. »

Elle compta.

« Onze mille trois cent cinquante francs… J’ai donc dépensé dans l’année mille cent cinquante francs. C’est beaucoup ! beaucoup trop ! C’est Charles qui me coûte cher ! Sans lui, je n’aurais pas Betty ! je vivrais seule !… C’est bien plus économique, et plus agréable, par conséquent… Comment me débarrasser de ce Charles !… À qui le donner ?… »

Pendant qu’elle réfléchissait, tout en maniant et contemplant son or, Charles était allé rejoindre Betty.

Après lui avoir raconté ce qui l’avait tant ému chez Juliette, et les bonnes résolutions qu’il avait formées :