Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/193

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trées par le récit que fait Suétone de la manière dont Tiridate, roi d’Arménie, fut reçu par Néron l’an 819 de Rome.

L’empereur était assis dans une chaise curule placée sur la tribune aux harangues ; il était revêtu d’ornemens triomphaux, et environné d’étendards ; des cohortes armées étaient rangées autour du forum. Tiridate se jeta aux genoux de Néron, qui le releva et l’embrassa ; il le supplia de lui ceindre le diadème ; Néron déféra à cette prière ; un personnage, qui avait été revêtu de la dignité de préteur, lui servit d’interprète, et rendit ses paroles, en élevant la voix, de manière à se faire entendre du peuple. Tiridate fut ensuite conduit au théâtre ; là il prit encore une attitude suppliante envers Néron, qui le fit asseoir à sa droite. A cette occasion, l’empereur reçut des félicitations, on porta des lauriers au Capitole, et le temple de Janus fut fermé.

Tiridate avait tenté de se soustraire au joug des Romains ; mais Corbulon le contraignit de se soumettre, et de recevoir le diadème des mains de Néron.

II. 4. Telle n’est pas ma coutume. Tacite (Annales, liv. xv, ch. 61) rapporte que Sénèque, accusé d’avoir trempé dans la conspiration de Pison, répondit entre autres choses pour sa défense : « Que son caractère ne le portait point à la flatterie, et que personne ne le savait mieux que Néron, à qui il avait plus souvent parlé en homme libre qu’en esclave. » C. D.

5. Soit livré aux flamme. Ce vers grec est : Éfxou Ôavovroç ^ata lu/Nto) irupt… Mot à mot : Qu’après ma mort la terre soit mêlée avec le feu. On croit que ce vers se trouvait dans le Sisyphe ou dans le Bellérophon d’Euripide, pièces perdues. Tibère le répétait sans cesse (Dion Cassius, liv. lviii, chap. 23). Quelqu’un l’ayant un jour cité devant Néron, celui-ci répondit : « Immo lu.oj £omoç. »….. « et plutôt encore de mon vivant. »….. L’incendie de Rome prouva que ce mot était quelque chose de plus qu’une horrible facétie (Suét., Néron, ch. xxxviii). V.

Il est dans notre langue une expression proverbiale qui répond à ce mot atroce, mais qui ne se dit qu’en plaisantant : Apres moi le déluge. Sur le mot, « qu’on me haïsse, pourvu qu’on me craigne, » voyez la note 38 du premier livre de ce traité, et le ch. xiii du premier livre du traité de la Colère. (V. encore Cicéron, pro Sextio, cap. xlviii.) C- D.