Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/199

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de la retraite l’agitation de leur âme. La vie de bien des gens ne peut être réputée oisive : c’est une stérile activité. Puis (ch. xii) Sénèque fait rénumération de ces hommes qui passent leur temps dans une suite d’occupations frivoles, depuis l’amateur de vases de Corinthe et de combats d’athlètes, jusqu’à ces efféminés qui se font une affaire des recherches de la mollesse. Il vient ensuite à ceux qui se livrent aux investigations d’une érudition frivole (ch. xiii et xiv). Le vrai repos ne se trouve que dans l’étude de la sagesse ; c’est pour les philosophes seuls que la vie est faite : le passé leur appartient comme le présent ; ce sont leurs travaux qui pour nous ont étendu, préparé l’usage de la vie, qui pour nous ont élargi les limites du temps. Par eux, nous vivons avec les sages de l’antiquité : à toute heure nous pouvons les aborder, les consulter. Quant aux hommes qui briguent les emplois, et qui courtisent les grands, qu’ils disent combien de mécomptes ils ont éprouvés, combien de personnes leur ont fermé leur porte ! Toujours les Socrate, les Carnéade, les Zénon, les Pythagore, vous recevront avec plaisir. Vous ne sortirez point les mains vides de la maison de pareils hôtes (ch. xv). Us vous montreront la route qui conduit à l’immortalité ; ils mettront à votre disposition les trésors de sagesse de tous les siècles. Car le temps qui renverse les trophées des héros n’a aucune prise sur les monumens et les découvertes de la sagesse. La vie du sage a donc une étendue sans limites. Il embrasse le passé par le souvenir, use du présent, et jouit d’avance de l’avenir. A la vie du sage, l’auteur oppose la vie très-courte et très-inquiète de ceux qui oublient le passé, négligent le présent et redoutent l’avenir. Ces gens-là (ch. xvi) invoquent cent fois le secours de la mort ; mais il ne faut pas en conclure que leur vie soit longue ; elle est seulement tourmentée par leur faute. Le temps ne leur parait long que parce qu’ils ne savent pas en faire usage. Le temps qui retarde le plaisir qu’ils espèrent leur est insupportable ; puis au moment de la jouissance ils sont assiégés par cette pensée importune : « Combien ce bonheur doit-il durer ? » — Pourquoi les plaisirs sont-ils mêlés d’inquiétude (ch. xvii) ? Cela tient à leur caractère fragile et impur. On n’est pas plus heureux dans la recherche des dignités. A peine y est-on arrivé que de protégé l’on devient protecteur. Après avoir cité l’exemple de Marius, de Scipion, de Cincinnatus, Sénèque en conclut que dans cette carrière