Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/427

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des hommes différemment organisés et avec des talens divers, regardent comme les plus importantes ? dit-on même sur celles dont on s’est proposé l’examen, tout ce qu’on devrait dire ? suit-on toujours rigoureusement le plan qu’on s’était fait ? Des réflexions ultérieures, des vues nouvelles, des idées neuves, ou des rapports nouveaux et très-fins, aperçus entre des vérités déjà connues, ne forcent-ils pas quelquefois dé l’étendre, de le circonscrire, de le changer même dans une infinité de points, et de remuer certaines pierres, auxquelles on n’avait pas cru auparavant devoir toucher ? Enfin, ne quitte-t-on jamais le ton froid, méthodique et sec d’un dissertateur ; et ne se permet-on pas souvent de ces écarts, de ces excursions qui ressemblent tout-à-fait à une conversation, qui donnent à un ouvrage un air facile et original, qui sèment de quelques fleurs une route longue, pénible et escarpée, et qui font dire d’un auteur ce qu’on a dit de Montaigne, qu’il causait avec son lecteur ? Rien n’est donc plus téméraire, et, j’ose le dire, plus ridicule, que toutes ces formules répandues dans les notes des critiques : il y a ici une grande lacune ; il manque là quelque chose : car deux lignes suffisent quelquefois pour détruire totalement, ou pour rétablir l’ordre et la liaison entre les différentes parties d’un ouvrage, etc.

La Grange.
FIN DU TOME TROISIÈME.