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NOTES

Que faites-vous pour eux, si vous les regrettez ?
Vous fâchez leur repos, et vous rendez coupables
Ou de n’estimer pas leurs trépas honorables,
Ou de porter envie à leurs félicités.

(Malherbe, Larmes de saint Pierre.)

14. Imité en vers grecs par Pallas d’Alexandrie, ainsi traduit par le vieux poëte Malleville :

Le vent sur cette mer excite mille orages ;
Le nombre des vaisseaux est celui des naufrages ;
Le rocher le plus ferme est enfin ébranlé.
L’un redoute sa perte et l’autre la soupire :
Tant que par l’Aquilon bien plus que par Zéphyre
Au grand port du trépas chacun soit rappelé.

15. Modicum plora super mortuum, quiescit. (Ecclesiast.) Luther, fatigué de luttes, s’écriait : Invideo mortuis, quoniam quiescunt.

16. Voir Consol. à Marcia, xix. « Nous retrouverons bientôt ce que nous avons perdu. Nous en approchons tous les jours à grands pas. Encore un peu et il n’y aura plus de quoi pleurer. C’est nous qui mourons : ce que nous aimons vit et ne mourra point. » (Fénelon, Lett. spirit.)

17. Illa rapit juvenes, sustinet illa senes. (Ovid., ad Liv., v. 371.)

18. Allusion à un fait cité par Dion et par Suétone. Caligula venait de rappeler un exilé de Tibère, et lui demandait à quoi il avait passé son temps : « À prier les dieux, répondit l’autre, de faire périr Tibère et de te donner l’empire. » Imaginant alors que tous ceux qu’il avait exilés priaient les dieux pour sa mort, Caligula envoya dans toutes les Iles pour les massacrer.

19. Voilà bien le morituri te salutant. La pensée n’est belle qu’adressée à Dieu : « J’adore en périssant la raison qui t’aigrit. »

20. Cette faculté, qu’on ne peut contester à Claude, homme lettré et écrivain de mérite, était sujette à d’étranges éclipses dont Sénèque se moque plaisamment, ainsi que de son éloquence, dans l’Apokolokyntose.

Mais sans qu’il soit besoin d’envoyer ma mémoire
Vous chercher bien avant des preuves dans l’histoire,
Et sans yous effrayer de phantosmes venus
Ou d’étranges païs, ou de temps inconnus,
Le Louvre est à nos yeux de la grandeur humaine
Et des peines des grands une pompeuse scène.
La grâce et la vertu, la gloire et la beauté
N’ont pu là se munir contre l’adversité ;
Sa longue et dure main, qui n’épargne personne,
Sur le trône souvent, souvent sous la couronne