Page:Sénèque - De la vie heureuse.djvu/34

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son développement et s’est retranché dans ses limites propres, le souverain bien est complet, il ne veut rien de plus. Car il n’y a rien en dehors du tout, non plus qu’au delà du dernier terme. Vous vous méprenez donc quand vous demandez pour quel motif j’aspire à la vertu ; c’est chercher quelque chose au-dessus du sommet des choses. Vous demandez ce que je cherche dans la vertu ? elle-même : elle n’a rien de meilleur, elle est à elle-même son salaire. Trouvez-vous que ce soit trop peu ? Si je vous dis : Le souverain bien, c’est une inflexible rigidité, c’est une prévoyance judicieuse ; c’est la sagesse, l’indépendance, l’harmonie, la dignité, exigerez-vous encore un principe plus élevé pour y rattacher tous ces attributs ? Pourquoi me parler du plaisir ? Je cherche le bien de l’homme, non pas le bien du ventre qui, chez les bêtes et les brutes, a plus de capacité.


X. « Vous feignez, me dit l’épicurien, de ne pas entendre ce que je dis ; je prétends, en effet que l’on ne peut pas vivre agréablement si l’on ne vit pas honnêtement : or cette condition est inaccessible à la brute, et aux hommes qui mesurent leur bonheur à leurs aliments. Oui, je l’atteste tout haut et publiquement, cette vie que j’appelle agréa-