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Page 11. Les portes du Jupiter souterrain. Cette expression, Inferni Jovis, se retrouve dans l’Hercule Œtéen de notre auteur :

 
Nec mœsta nigri regna conterrent Jovis ;

dans Virgile, Énéide, liv. iv, v. 638 :

 
Sacra Jovi Stygio ;

dans Homère, Iliade, liv. ix, v. 457 :

 
Ζεύς τε καταχθόνιος καὶ ἐπαινὴ Περσεφόνεια.

De même Proserpine a été nommée la Junon souterraine par presque tous les poètes latins, notamment par Claudien, dans le fameux début de son poëme sur l’Enlèvement de Proserpine :

 
Inferni raptoris equos afflataque curru
Litora Tænario caligantesque profundæ
Junonis thalamos,
etc.

Au reste, les stoïciens ne reconnaissaient dans Jupiter, Neptune et Pluton, qu’un seul et même dieu, divisé quant aux fonctions, mais un dans son essence, trinité païenne qui n’a rien de commun avec la trinité des chrétiens qui rentre aussi dans l’unité.

Chargé des dépouilles du roi des morts. Il nous a fallu rendre opima victi regis spolia. Les dépouilles opimes étaient les armes du général ennemi que le général romain avait tué dans le combat. Les premières dépouilles de ce genre furent remportées par Romulus sur Acron, roi des Céniniens. Hercule n’avait point tué Pluton, et ne lui avait enlevé que Cerbère ; mais il ne faut pas exiger dans un poète une justesse absolue.

Dont la puissance est égale à celle du maître des dieux. Non pas absolument, mais Pluton était dieu comme Jupiter, et il avait sous sa puissance le tiers du monde ; c’est là ce que nous voulons dire.

Iter ruina quæret (v. 67). Cette expression, belle encore aujourd’hui, devait être neuve au temps de Sénèque ; elle se retrouve dans la Pharsale de Lucain, portrait de César, liv. i :

 
………Gaudensque viam fecisse ruina.