Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/133

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nys agite son fouet terrible, et, balançant dans ses mains des tisons ardens retirés des flammes d’un bûcher, elle en menace ma tête, et toujours de plus près. L’affreuse Tisiphone, avec sa chevelure de serpens, ferme avec sa torche enflammée la porte des enfers, restée sans défense depuis l’enlèvement de Cerbère. Mais j’aperçois ici cachés les enfans de Lycus, race coupable d’un tyran : je vais vous réunir à votre père ; deux flèches rapides vont partir de mon arc ; le but est digne de mes coups.

AMPHITRYON.

Où l’emporte son aveugle fureur ? il a ramené l’une vers l’autre les deux extrémités de son arc immense ; il prend une flèche dans son carquois ; elle s’échappe en sifflant, traverse par le milieu la tête de l’enfant, et n’y laisse que la blessure qu’elle a faite.

HERCULE.

Je découvrirai ce qui subsiste encore de cette race infâme, et ses retraites les mieux cachées. Mais pourquoi différer ? il me reste de plus grands coups à frapper, il me faut combattre Mycènes, et détruire de mes mains ses fortes murailles bâties par les Cyclopes. Allons, renversons ce palais, vain obstacle qui m’arrête, brisons ses portes, et les colonnes qui le soutiennent. Le voilà maintenant à jour ; et je découvre ici caché le fils d’un père abominable.

AMPHITRYON.

Le pauvre enfant lui demande grâce d’une voix timide en étendant vers lui ses petites mains suppliantes. Ô crime affreux, spectacle horrible et déchirant ! il l’a saisi par cette main qu’il lui tendait, l’a fait tourner trois