Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/151

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vengeant la mort de son chef, nous auraient à ce point humiliés ? Ô mon père ! je vous en conjure, par mes nobles exploits, par votre nom que j’honore à l’égal de celui des dieux, parlez : quel est le destructeur de ma famille, le vainqueur qui m’a dépouillé ?

AMPHITRYON.

Ne cherche point la cause de tes malheurs.

HERCULE.

Et rester sans vengeance ?

AMPHITRYON.

La vengeance est souvent funeste.

HERCULE.

Un homme serait-il jamais assez lâche, pour souffrir patiemment de si grands maux ?

AMPHITRYON.

Oui, dans la crainte de plus grands encore.

HERCULE.

Mais est-il possible, mon père, de craindre de plus grands, de plus affreux malheurs que les miens ?

AMPHITRYON.

Ce que tu connais de tes malheurs, n’en est qu’une bien faible partie.

HERCULE.

Prenez pitié de moi, mon père ; j’étends vers vous mes mains suppliantes. Mais quoi ? il les repousse. Ah ! le crime plane autour de moi. D’où vient ce sang ? quelle est cette flèche, teinte du sang de cet enfant ? elle fut teinte autrefois de celui de l’hydre de Lerne. Je reconnais mes traits : il n’est pas besoin de chercher la main qui les a lancés. Quel autre aurait pu tendre mon arc,