Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cuter le plus grand des exploits, celui qui doit effacer tes douze travaux. Ô lâche ! tu hésites ? tu n’as donc de courage que pour tuer des enfans et de faibles femmes ? Si mes armes ne me sont pas rendues, j’arracherai toute la forêt du Pinde, et je me brûlerai moi-même avec les bois sacrés de Bacchus, et tous les arbres du Cithéron. Je renverserai toute la ville de Thèbes, avec ses habitans ; ses temples, avec les dieux qui les habitent ; je périrai sous leur chute, je m’ensevelirai sous leurs débris, et si ses remparts croulans sont un poids trop léger pour mes fortes épaules, et que nos sept portes ne suffisent pas pour m’écraser de leurs ruines, je ferai tomber sur ma tête le poids énorme de toute cette partie du monde qui sépare le ciel des enfers.

AMPHITRYON.

Rendez-lui ses armes.

HERCULE.

À cette parole je reconnais mon père. Voici la flèche qui a percé mon enfant.

AMPHITRYON.

Oui, Junon l’a lancée par tes mains.

HERCULE.

Je vais m’en servir à mon tour.

AMPHITRYON.

Ah ! malheureux ! mon cœur se trouble, et s’agite avec violence dans mon sein.

HERCULE.

La flèche est disposée.

AMPHITRYON.

C’est sciemment, c’est volontairement que tu vas com-