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romaine, on rencontre, avant d’arriver au faîte, Eunius et Scipion ; au faîte même, Virgile et Auguste ; au dessous du côté de la descente, Sénèque et Néron, le commencement, la force, la décadence, la jeunesse, la virilité, la vieillesse, trois âges qui résument la vie des sociétés comme celle des individus.

C’est à ce dernier âge de la littérature latine qu’appartient le poète dont nous avons à parler, l’auteur, quel qu’il soit, du Théâtre qu’on attribue à Sénèque. La tragédie est regardée généralement comme la partie faible de cette littérature ; Boileau, Racine, La Harpe en ont porté ce jugement. Nous ne voulons certes pas y contredire ; mais il est juste d’observer que cette sentence, rendue contre la tragédie latine en général, ne doit frapper que les restes de ce genre de littérature qui sont parvenus jusqu’à nous ; le siècle d’Auguste échappe nécessairement à cette décision, puisqu’aucune tragédie de cette époque n’a été soumise à l’appréciation des critiques. Leur jugement ne porte donc que sur le Théâtre de Sénèque, débris de la décadence. Reste à examiner si le génie romain dans sa force pouvait enfanter des œuvres comparables à celles du temps de Périclès, et si la tragédie, qui n’est après tout qu’une forme à exprimer des idées, trouvait à Rome les mêmes conditions d’existence et de succès qu’elle avait trouvées dans Athènes. Virgile, Varius, Ovide, à n’en pas douter, avaient composé des tragédies dont nous connaissons même les titres ; c’étaient les premiers génies de l’époque et les plus capables de lutter contre les modèles de la Grèce. Horace parle aussi d’un certain Titius, dont il demande avec