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ARGUMENT.




Pendant qu’Atrée régnait à Mycènes, Thyeste, son frère, pour satisfaire l’ambition qu’il avait de s’emparer du trône, avait soustrait frauduleusement le bélier d’or sur la possession duquel on croyait que reposait le destin de la royauté, aidé en cela par la reine Érope, femme d’Atrée, que Thyeste avait séduite : de là division et lutte entre les deux frères. Après des chances diverses (car d’après un passage de la tragédie, vers 237, on peut croire qu’Atrée fut quelque temps privé de la couronne et fugitif), Thyeste, chassé du trône et de Mycènes, avait traîné long-temps une vie pauvre et misérable. Mais Atrée, dominé par un désir immodéré de vengeance, pour égaler le châtiment de Thyeste à son crime, feint de vouloir rendre à son frère son ancienne amitié. Thyeste revient, tremblant d’abord, et défiant de son bonheur ; mais Atrée, l’ayant reçu avec de feintes démonstrations de joie, lui prend ses fils en otage, les immole sur les autels, les fait servir à table devant leur père, et lui donne même à boire de leur sang mêlé dans du vin. Après cette vengeance, dont l’horreur, dit-on, fit reculer le soleil, Atrée fait connaître à son frère quels mets on lui a servis, et se moque de ses imprécations.