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ACTE TROISIÈME.





Scène I.

THYESTE, PLISTHÈNES ; le jeune TANTALE et le troisième fils de Thyeste, personnages muets.
THYESTE.

Murs sacrés de ma patrie, palais d’Argos, je vous revois ; je goûte le bonheur le plus pur auquel puisse prétendre un malheureux banni, je touche le sol qui m’a vu naître, je reconnais les dieux de mes pères (si toutefois il est des dieux !), ces tours vénérables bâties par les Cyclopes, trop belles pour être l’ouvrage des hommes, et cette carrière où s’exerça ma jeunesse, et qui m’a vu plus d’une fois remporter le prix, monté sur le char de mon père. Argos et tout son peuple vont se porter en foule au devant de moi. Atrée aussi viendra sans doute…… Retourne aux forêts qui t’ont servi d’asile, à tes bois épais, à cette vie sauvage que tu as menée parmi leurs sauvages habitans. Il ne faut pas te laisser éblouir par le faux éclat d’une couronne. En voyant ce que tu vas recevoir, regarde aussi la main qui te l’offre. Tout-à-l’heure, dans une position qui semble insupportable à tous les hommes, j’étais plein de courage et de gaîté. Maintenant je retombe dans mes craintes passées ;