Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/247

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trop patient ! tu t’es retourné en arrière, tu as fermé le jour au milieu de ta course ; mais trop tard cependant. Le malheureux Thyeste déchire ses enfans, et de sa bouche cruelle dévore ses propres membres. Il est là, les cheveux brillans et parfumés, la tête appesantie par le vin. Plus d’une fois son estomac s’est fermé à ces funestes alimens. Malheureux ! le seul bien qui te reste dans ton infortune c’est de ne la connaître pas, mais ce bien même va t’échapper. Quoique le Soleil ait retourné son char, pour suivre une route directement contraire à la sienne, et que la nuit ait devancé son heure pour étendre sur ce crime affreux des ténèbres inconnues, il te faudra pourtant voir, malheureux Thyeste, il te faudra connaître l’excès de ta misère.





Scène II.

LE CHŒUR.

Roi de la terre et du ciel, toi dont l’éclat fait pâlir tous les astres de la nuit, vers quels climats es-tu allé ? pourquoi nous ravir la lumière au milieu du jour, et cacher à nos yeux l’éclat de ton visage ? l’étoile qui amène les heures du soir n’appelle point encore le brillant cortège des astres nocturnes ; le moment n’est point venu de dételer les coursiers de ton char descendu à l’Occident ; le jour n’est pas si près de la nuit, la troisième trompette ne s’est point fait entendre. Le laboureur, dont les bœufs