Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/261

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s’émeut dans la vue des maux prêts à fondre sur ma tête, et me les annonce d’avance. Ah ! quand la mer se gonfle ainsi d’elle-même sans un vent qui la soulève, une tempête effroyable menace les matelots.


Insensé ! de quels malheurs, de quelles craintes vas-tu te troubler l’esprit ? Livre-toi sans défiance à ton frère. Quoi que tu puisses craindre, c’est une peur chimérique ou tardive. Malheureux ! je voudrais m’en défendre, mais je sens une vague terreur au dedans de moi. Des larmes soudaines s’échappent de mes yeux sans que j’en puisse dire la cause. Est-ce la douleur ou la crainte ? pleure-t-on aussi dans l’excès de la joie ?





Scène III.

ATRÉE, THYESTE.
ATRÉE.

Unissons-nous, mon frère, pour célébrer dignement ce grand jour : il affermit le sceptre dans mes mains, il me donne le gage assuré d’une paix inviolable.

THYESTE.

Je suis rassasié de viandes et de vin. Le seul désir que je puis former pour mettre le comble à ma joie, c’est de la partager avec mes enfans.