Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/305

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régner trouble leur cœur. Je sais bien où ils vont, je sais bien ce qu’ils veulent ; c’est pourquoi je cherche la voie d’une mort prompte, et me sens pressé de mourir pendant qu’il n’y a point encore dans ma famille de plus grand coupable que moi… Ma fille ! pourquoi ces larmes que tu verses en embrassant mes genoux ? pourquoi tenter de fléchir par tes prières un cœur inflexible ? Il ne reste à la fortune que ce moyen de me vaincre, moi qui ai vaincu tout le reste : seule tu peux attendrir mes sentimens, seule tu peux faire briller la vertu dans ma maison. Aucune de tes volontés ne peut me sembler dure ou insupportable. Parle donc ; pour t’obéir, Œdipe va traverser à la nage les flots de la mer Égée, il va ouvrir la bouche pour y recevoir les flammes que le volcan de Sicile vomit en épais tourbillons, il va marcher à la rencontre du dragon qui se dressa contre Hercule venu pour dérober les fruits dorés des Hespérides ; à ta voix il est prêt à tout, même à vivre…