Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/319

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sur ses ailes légères, et me jettera au milieu des deux armées ?

LE MESSAGER.

Elle marche avec fureur ; moins rapide est la flèche que le Parthe a lancée, la nef emportée par un vent furieux, l’étoile qui tombe du ciel en traçant dans les airs un sillon droit et lumineux. Dans le transport qui l’agite, elle court avec tant de vitesse que la voici déjà entre les deux armées. Ses prières maternelles ont enchaîné la guerre. Ces fiers combattans, qu’une égale ardeur poussait les uns contre les autres, s’apaisent à sa voix, et les traits qu’ils allaient lancer demeurent suspendus entre leurs mains. Le désir de la paix se manifeste ; tous cachent et laissent reposer leurs épées, mais celles des deux frères s’agitent encore. Leur mère arrache à leurs yeux ses cheveux blanchis, essaie de fléchir leur résistance obstinée, et ses larmes coulent sur ses joues. Tarder si long—temps à céder aux sollicitations d’une mère, c’est montrer qu’on est capable de ne pas s’y rendre.