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chariots gémissent sous le poids de la venaison ; les chiens reviennent à la maison la gueule rouge de sang, et les habitans des campagnes regagnent leurs chaumières dans l’ivresse d’un joyeux triomphe.


Allons, la déesse des bois nous favorise, les chiens donnent le signal par des cris aigus, les forêts m’appellent, hâtons-nous, et prenons le plus court chemin.





Scène II.

PHÈDRE, LA NOURRICE.
PHÈDRE.

Ô Crête, reine puissante de la vaste mer, dont les innombrables vaisseaux couvrent tout l’espace que Neptune livre aux navigateurs jusqu’aux rivages de l’Assyrie, pourquoi m’as-tu fait asseoir comme otage à un foyer odieux ? Pourquoi, associant ma destinée à celle d’un ennemi, me forces-tu de passer ma vie dans la douleur et dans les larmes ? Thésée a fui de son royaume, et me garde en son absence la fidélité qu’il a coutume de garder à ses épouses. Compagnon d’un audacieux adultère, il a pénétré courageusement dans la profonde nuit du fleuve qu’on ne