Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/403

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PHÈDRE.

Le dieu qui règne sur le sombre empire, et sur les rives silencieuses du Styx, ne lâche point sa proie, et ne laisse remonter personne vers le séjour des vivans. Renverra-tail le ravisseur de son épouse ? il faudrait le supposer bien indulgent pour les fautes de l’amour.

HIPPOLYTE.

Les dieux du ciel plus favorables nous rendront Tl’iésée ; mais, tant que nous resterons dans l’incertitude de son retour qu’appellent tous nos vœux, je garderai pour “mes frères l’amitié que je leur dois, et mes tendres soins vous feront oublier votre veuvage. Moi-même veux tenir auprès de vous la place de mon père.

PHÈDRE.

O crédule espérance d’un cœur passionnel ô illusions de l’amour ! en a-t—il assez. dit ? je vais employer main- tenant les prières. Prenez pitié de moi ; entendez mon silence, et les vœux cachés dans mon coeur ; veux parler et je n’ose.

HIPPOLYTE.

Quel est donc le mal qui vous tourmente ?

PHÈDRE.

Un mal que ne ressentent pas souvent les marâtres.

HIPPOLYTE.

Vos paroles sont obscures et couvertes ; parlez plus clairement.

PHÈDRE.

Un amour furieux, un feu dévorant, me consument. Cette ardeur cachée pénètre jusqu’à la moelle de mes os, elle circule avec mon sang, brûle mes veines et mes