Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/417

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et nous avons fait retentir l’airain bruyant. (l’était foi qui l’arrêtais, c’était toi qui eausais cette défaillance ; la déesse des nuits, pour te regarder, avait ralenti sa marche.

Expose moins souvent ton visage aux injures de l’hiver et aux ardeurs du soleil, et il surpassera la blan- cheur du marbre de Paros. Que de grâces dans la mâle fierté de ta figure, que de dignité dans ce front sévère ! tu peux comparer ta tête à celle d’Apollon 5 ce dieu aime îi laisser flotter les longs cheveux en désordre qui cou— vrent ses épaules ; toi, tu te plais à ne point parer ta tête, et àlaisser ta- courte chevelure se répandre au hasard. Les demi-dieux guerriers et habitués aux com— bats n’ont pas plus de force ni de vigueur que toi. Jeune encore, tes bras égalent déjà la puissance de ceux d’Her— cule, et ta poitrine est plus large que celle de Mars. Quand tu veux monter sur un coursier généreux, ta main, plus habile que celle même (le Castor,-pourrait conduire le cheval célèbre du dieu de Laeédémone. Si tu veux. tendre l’arc , et lancer le javelot de toutes tés forces , la flèche légère des archers de la Crète n’ira pas aussi loin que la tienne-Ou si tu veux, comme les.Parthes, décocher des traits contre le ciel, aucun ne retombe sans ramener un oiseau frappé au coeur ; tes flèches vont chercher la proie jusqu’au sein des nuages. Mais hélas‘. rarement la beauté fut heureuse pour les hommes ., les siècles passés te l’apprennrnt. Puisse la divinité favo- rable écarter les périls qui te menacent‘. puisse ta noble figure te laisser franchir le seuil de la triste vieillesse !